跳至內容

藝評


Les artistes hongkongais et la commémoration de Tiananmen (in French)
敖樹克 (Gerard HENRY)
at 3:53pm on 24th June 2020



Captions:

1. My Statue Is a Symbol of Liberty, French Artist Cesar, drawing by Gerard Henry
2. Tiananmen Commemoration, drawing by Zunzi



(原文以法文發表,題為〈香港藝術工作者與天安門紀念活動〉。)


Chaque année, des dizaines de milliers de  Hongkongais se regroupent dans le parc Victoria pour commémorer les étudiants massacrés sur la place Tiananmen le 4 juin 1989. Ils y viennent en famille, avec leurs enfants, afin que le souvenir se perpétue et aussi pour soutenir celles qu’on appelle les mères de Tiananmen qui, jusqu’à présent, n’ont pu faire le deuil de leurs enfants disparus car le gouvernement chinois, trente et un ans après les faits, n’a toujours pas fait face à ses actes.

Au fil des années, cette commémoration est devenue un mouvement plus large, soutenu par les associations étudiantes et les partis qui se battent pour promouvoir la démocratie à Hong Kong et en Chine, et un véritable événement du calendrier hongkongais. Mais c’est aussi le seul endroit, sur le territoire chinois, où cet événement à la mémoire des disparus et de leur famille est célébré puisqu’il est absolument interdit par le gouvernement et Parti communiste en Chine. Mais alors que la contamination due au coronavirus est en régression, que le virus n ‘a fait que quatre morts à Hong Kong, cette interdiction ne se justifiait pas vraiment.


De nombreux artistes se joignent à ces protestations.

La veillée aux flambeaux est interdite par le gouvernement, mais les organisateurs hongkongais ne baissent pas les bras. Ils demandent aux Hongkongais d’allumer des chandelles partout dans Hong Kong et particulièrement dans et autour de Victoria Parc le 4 juin à 8 heures du soir pour rendre hommage aux victimes et dénoncer les atteintes aux droits de l’homme en Chine continentale, avec de nombreux chants en chinois, comme les années précédentes.

De nombreux artistes se joignent à ces protestations. Ainsi des gens du théâtre reprennent en diffusion en ligne la pièce May 35 (35 mai). Cette pièce de 2019, signée par la dramaturge hongkongaise Candace Chong, évoque dans un domaine censuré par la Chine la commémoration du massacre de Tiananmen, devenue depuis 1989 le grand rassemblement des démocrates hongkongais dans le parc Victoria. “May 35” est le terme utilisé par les internautes chinois pour contourner la censure des publications en Chine: la date “June 4” ou “64”  étant censurée, les internautes ont malicieusement prolongé le mois de mai jusqu’au 4 juin.

La pièce, mise en scène par Lee Chun-chow, explore également l’impact et les répercussions de l’incident trente ans plus tard. May 35 est l’histoire d’une femme qui veut organiser une veillée pour son fils, tué par les troupes de l’Armée populaire de libération sur la place Tiananmen lors de la manifestation dirigée par des étudiants en 1989. La pièce de Chong se concentre sur les familles des victimes, dont la souffrance continue.

Les familles sont maintenues sous étroite surveillance et des militants sont arrêtés chaque année avant l’anniversaire de la répression. Toute référence en ligne au 4 juin 1989 est censurée. Personne n’ose aborder le sujet et peu de jeunes en Chine savent ce qui s’est passé à l’été 1989. Candace Chong, qui avait 9 ans lors des événements, n’a pas oublié et pense que tout artiste doit absolument traiter cet événement au moins une fois dans sa vie.


Nombre de Hongkongais  se sentent trahis par leur gouvernement

Un sentiment d’impuissance et de déception règne parmi les Hongkongais qui ont manifesté par centaines de milliers pour un monde plus démocratique et une société plus juste. Ils voient l’enthousiasme de leur gouvernement et de leurs élites à célébrer à Pékin la promulgation de la loi de Sécurité nationale, sans même défendre la Loi fondamentale signée par Deng Xiaoping en 1984 ni demander à Pékin son application, qui prévoit notamment une élection au suffrage universel du chef de l’exécutif.

Ils ont voté sans même connaître ni demander à prendre connaissance du contenu détaillé de la loi ni les modalités de son application juridique, sans consulter a priori leurs juges et experts juridiques, et cela en sachant que la Chine n’a pas de pouvoir judiciaire indépendant, emprisonne les dissidents politiques, réprime les religions, ne connaît aucune démocratie.


Peu d’objection à la loi de la part des présidents d’université

Il est vrai aussi que même les intellectuels, ou du moins les responsables de l’éducation à  Hong Kong, n’ont pratiquement manifesté  aucune objection. Les cinq présidents de l’Université de Hong Kong, de l’Université chinoise, de l’Université de Lingnan, de l’Université polytechnique et de l’Université de l’éducation ont publié lundi une déclaration conjointe exprimant leur soutien à la décision de Pékin d’imposer une législation sur la sécurité nationale à la Région d’administration spéciale de Hong Kong, tout en soulignant qu’ils chérissent les libertés de la ville. Les cinq présidents ont également déclaré qu’ils chérissaient la liberté d’expression, de publication et de réunion de presse à Hong Kong et qu’ils respecteraient toujours la liberté académique et l’autonomie institutionnelle.

On peut se demander comment ils défendront ces prises de position devant leurs étudiants, qui ont passionnément demandé pendant leurs manifestations un dialogue avec le gouvernement, lequel n’a jamais daigné leur répondre si ce n’est que par une répression policière souvent violente.

En revanche, les chefs des autres universités financées par l’État, l’Université des sciences et de la technologie, l’Université baptiste et la City Université n’ont pas signé. Certains ne voient nullement la nécessité d’une telle loi, comme dans ce communiqué de l’université baptiste qui souligne et soutiennent la loi fondamentale:

“Les universités sont un lieu de création de nouvelles connaissances et de développement des talents. Il n’est pas rare que les élèves et les enseignants soient progressistes et en avance sur leur temps pour rendre le monde meilleur. Compte tenu de la diversité et de l’ouverture de Hong Kong, il est naturel que les gens puissent adopter des positions diverses. C’est pourquoi, sous la formule ‘Un pays, deux systèmes’, la liberté académique et l’autonomie institutionnelle sont inscrites dans la Loi fondamentale, qui protège également la liberté d’expression et la liberté de la presse, la liberté de publication, d’association, de réunion, la liberté de défiler et des manifester.”

Il est donc difficile de voir comment le gouvernement de Hong Kong pourra regagner le soutien de la population alors qu’il intensifie la répression au détriment de la consultation, de la négociation ou de la réforme et qu’il n’offre aucune perspective constructive aux jeunes Hongkongais.



法文原文刊於 Courrier international,2020年6月3日。
This article in French was originally published in Courrier international on 3 June 2020.



作者搜尋:

TOP